Les espaces de vie

Rares sont les personnes qui souhaitent quitter leur appartement, leur lieu de vie habituel au moment de la vieillesse. Il est également évident que l’environnement familier, ses structures personnelles et ses espaces, constituent une ressource importante pour la personne âgée et favorisent la qualité de vie. Malgré une situation de grande dépendance de la personne, un changement de domicile ne devrait donc être effectué qu’en cas d’extrême urgence. Ce qui est fondamentalement accepté au sein de la société doit également être possible pour les personnes en situation de handicap durable. Mais lorsqu’un changement s’avère inévitable, il faut prendre des dispositions suffisamment tôt et bien accompagner la personne.

L’habitat

Le modèle intergénérationnel

Le modèle intergénérationnel, respectivement le modèle d’intégration des âges, est celui qui répond le mieux au souhait de demeurer dans son cadre de vie jusqu’à la fin, malgré l’évolution des besoins en termes de soins et d’accompagnement. La personne profite ainsi d’une continuité dans son parcours de vie avec des répercussions positives sur ses relations sociales et la stabilité de son identité.

Le modèle intergénérationnel exige une adaptation constante et une spécialisation de l’offre de prestations d’une institution : les changements dans l’espace de vie doivent être entrepris à temps, les accompagnantes et accompagnants doivent pouvoir s’adapter à l’évolution des besoins et des capacités des résidentes et résidents, etc.

Le modèle spécialisé

Le modèle spécialisé est une forme d’habitat qui s’adresse spécifiquement aux personnes âgées en situation de handicap permanent. Le plus souvent, il s’agit d’unités de vie dans une institution sociale avec du personnel soignant et des espaces sans barrières, aménagés de façon à faciliter les soins. Ils permettent à la fois la rencontre et le retrait. Des concepts existent, dans lesquels le personnel spécialement formé fait partie de l’équipe.

Des formes d’habitat alternatives, telles que l’habitat protégé ou les soins ambulatoires, sont rarement adaptées au besoin de soutien des personnes âgées en situation de handicap durable. Cependant, les efforts sont bien réels pour permettre dans un proche avenir de vieillir dans de telles structures. L’étude sur l’habitat protégé en Suisse propose davantage d’informations à ce propos.

Le modèle des soins intégrés

Le modèle des soins intégrés ne fait pas la distinction entre les personnes âgées avec et sans handicap. Un établissement de soins généraliste peut être une option pour des personnes en situation de handicap qui aimeraient changer de domicile au moment de la vieillesse, par exemple parce que leur degré de dépendance s’est renforcé ou parce qu’elles souhaitent se rapprocher (ou rester à proximité) de leur famille ou d’autres personnes de confiance. La prise en charge de ces personnes pose des exigences particulières au personnel des établissements de soins. Afin d’y satisfaire, différentes voies sont possibles : par exemple, la mise en place d’équipes interdisciplinaires (des domaines de la santé et du social) ou les formations continues pour transmettre les connaissances nécessaires sur les formes de handicap, leurs particularités (p. ex. en termes de comportement et de communication) et les possibilités de soutien spécifiques.

Bien vivre les transitions de l’existence | Exemple de la pratique | EMS irides | 2019 (pdf, 214 kB)

Afin de favoriser l’entrée en EMS des personnes âgées avec des troubles cognitifs, le personnel d’accompagnement socioprofessionnel d’une institution pour personnes aveugles et malvoyantes collabore étroitement avec l’EMS.

Le déménagement et la transition

Le besoin croissant de soins et d’accompagnement de la personne durablement handicapée, mais aussi la vulnérabilité ou le décès de ses proches qui ont jusque-là assuré l’aide nécessaire, peuvent parfois obliger à un changement de domicile. Dans la mesure du possible, il faut cependant éviter les changements abrupts. Par conséquent, cette étape doit être bien préparée avec les proches et la phase de transition soigneusement accompagnée.

Projet Kompass | Exemple de la pratique | Fondation ARWO | 2019 (pdf, 124 kB)

Dans le cadre du projet Kompass, des solutions ont été créées pour des résidentes et résidents vivant dans des logements décentralisés et qui requièrent, avec l’avancée en âge, un accompagnement de jour et de nuit.

L’organisation de la vie quotidienne

Le passage de la vie active à la retraite préoccupe la plupart des gens. Pour les personnes en situation de handicap durable, dont les relations sociales et les structures de jour sont étroitement liées au travail, cette étape décisive peut sembler menaçante. Raison pour laquelle cette transition doit être amorcée en douceur, par exemple en assouplissant et en réduisant progressivement les horaires de travail (davantage de pauses ou de jours de congé). Selon les circonstances, il se peut aussi que la place de travail demande des ajustements. Des cours de préparation à la retraite ainsi que des propositions d’activités alternatives peuvent aussi atténuer les angoisses liées à la perte.

L’activité professionnelle satisfait les besoins fondamentaux de l’être humain en termes de reconnaissance et d’accomplissement personnel. Les offres conçues pour les retraités doivent impérativement tenir compte de ces aspects. Mais le temps de la retraite peut très bien être différent des précédentes phases de la vie et marqué par un rythme ralenti.

Un large éventail de programmes destinés à des retraitées et retraités en situation de handicap durable existe déjà et peut en inspirer d’autres. Les offres vont des cours durant la journée aux différentes aides pour organiser le quotidien et les loisirs. Dans cette phase de l’existence, toutes les offres reposent sur l’engagement volontaire, un critère de qualité qui doit toujours être respecté.

Une conception idéale du quotidien au sens de la CDPH est celle qui intègre les personnes en situation de handicap durable aux offres existant pour les personnes âgées sans handicap. Ce principe vaut pour tous les prestataires dans ce domaine, aussi bien pour les institutions pour personnes handicapées et personnes âgées que pour les communes et les organisations privées de loisirs. Adhérer à l’idée d’inclusion peut signifier pour les institutions d’ouvrir leurs propres offres aux personnes externes ou prendre les mesures nécessaires pour accompagner les résidentes et résidents qui souhaitent participer à des offres externes. Dans le domaine des personnes âgées, des exemples de structures de jour intégrées existent, qui sont accessibles à des personnes en situation de handicap durable dont le besoin accru d’accompagnement est pris en considération.

Groupe seniors / Les après-midi seniors | Exemple de la pratique | Borna | 2019 (pdf, 118 kB)

Sur la base du volontariat, des collaboratrices et collaborateurs organisent deux à trois après-midi par semaine avec des activités destinées à maintenir et renforcer les ressources et les compétences des seniors.

Parc Pigna – jardin de l’existence | Exemple de la pratique | Centre de jour Graswinkel | 2019 (pdf, 313 kB)

Un parc diversement aménagé de 5000 mètres carrés offre un cadre sécurisant pour évoluer librement, en particulier pour les personnes désorientées qui déambulent.

Structure de jour pour seniors | Exemple de la pratique | MBF | 2019 (pdf, 130 kB)

Des activités comme le bricolage, la peinture, le chant, le snoezelen, les visites à la cafétéria, faire les courses et la cuisine ensemble ou partir en excursion une fois par mois confèrent aux personnes retraitées en situation de handicap le sentiment d’être importantes et utiles aussi à la retraite.

Club des âinés | Exemple de la pratique | Fondation Martin | 2019 (pdf, 127 kB)

Les résidentes et résidents qui sont sur le point de prendre leur retraite et les personnes déjà retraitées trouvent dans le club des seniors une structure de jour qui leur permet de discuter des questions liées à la retraite et de continuer à se considérer comme des personnes appréciées au sein de l’institution.

Groupe seniors | Les après-midi seniors | Exemple de la pratique | Borna | 2019 (pdf, 118 kB)

Partie intégrante de la structure de jour, le club des seniors offre la possibilité d’organiser la transition entre le travail en atelier et la retraite, de manière individuelle et souple, d’entretenir des contacts sociaux et des amitiés, de se consacrer à ses propres centres d’intérêt et de discuter des questions liées à la vieillesse.